La tuilerie des Taules, Châteauneuf

Emplacement supposés de la tuilerie des Taules (en rouge) et de la maison de l'exploitant (en jaune).

(vue aérienne Géoportail + cadastre de 1826).

 

 

"La tuilerie était située dans le pré encadré par la D2 et le chemin menant au lavoir des Taules. On y aperçoit deux lignes parallèles plus claires : en effet le pré descend comme en escalier vers la Sillandre, avec deux grandes marches. Les lignes sont à l'endroit de ces deux renfoncements successifs, qui offrent un témoignage de l'activité de la tuilerie : on creusait en bas du pré pour trouver l'argile nécessaire à la fabrication des tuiles, car cet argile y affleurait aux alentours de la Sillandre, alors que plus haut, le terrain est calcaire.

Mon père, ma tante et mon oncle se rappellent les ruines du four, en contre-bas de la première "marche" du pré. En revanche, il n'y avait déjà plus de halle de séchage à l'époque de leur enfance, dans les années 30 et 40. Peut-être subsiste-t-il d'ultimes traces des fondations du four de nos jours ?…"

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"Dans ces années 30-40, le four était comme enterré sous la première dépression du pré de la Tuilerie et les résidus de briques réfractaires qui le composaient se trouvaient encore en bas du premier renfoncement. Tout cela est recouvert aujourd'hui, mais le four existe sans doute toujours sous la terre."

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Dans les années 1900, la tuilerie des Taules produisait trois tailles de tuiles, ainsi que des faîtières, des briques, simples ou doubles, et deux tailles de carreaux de terre cuite. En moyenne, les commandes s'élevaient à 3000 ou 4000 tuiles mais atteignaient parfois les 10 000 unités. La production de la tuilerie était souvent livrée au-delà des limites du canton, à La Charité, à Pouilly, à Pougues, au château de Bizy à Parigny-les-Vaux...

(Édouard Jarrault, mai 2014)

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J’ai obtenu la confirmation de la coexistence, à partir du début du XXe siècle, de deux tuileries aux Taules, l’une, familiale (...), sise dans le Pré de la Tuilerie, comme nous le savons, et l’autre, fondée sans doute vers 1900 par l’ancien contremaître de la première (...), sise dans le Champ au Loup, juste de l’autre côté du chemin menant au lavoir des Taules, et donc en contrebas de la « maison du tuilier », qui borde le chemin immédiatement au-delà du Pré de la Tuilerie. La concurrence devait être plus ou moins acceptée des deux côtés. J’ignore quand l’activité de cette seconde tuilerie des Taules cessa. Elle dut néanmoins perdurer au-delà de la Première Guerre Mondiale, et donc de la première tuilerie.

(Édouard Jarrault, janvier 2016)

 

Histoire

- 1727 : Première mention connue dans les archives ; la tuilerie appartient alors aux chartreux de Bellary.

- 1819 : La tuilerie est vendue.

- 1870 : La tuilerie semble connaître une activité importante puisqu'elle fait vivre au moins sept familles aux Taules et alentour.

- 1905 (juillet) : Dernière mention connue, à ce jour, de l'activité de la tuilerie.

- 1909 : Un annuaire établit l'existence de 5 tuileries (ou fours à chaux) à Châteauneuf ; la tuilerie des Taules est-elle du nombre ?

- 1911 : La tuilerie semble avoir cessé son activité à la veille de la Première Guerre mondiale.

- 1986 : Un acte notarié de 1986 évoque une seconde tuilerie, alors entièrement démolie, qui se trouvait dans le Champ au Loup. Cette tuilerie, qui aurait été fondée vers 1900 par l'ancien contremaître de la tuilerie "historique", aurait maintenu son activité un peu au-delà de la Première Guerre mondiale.

 

Photo et légende de Jean-Michel Torcol

 

Propriétaires

- 1727 : Chartreux de Bellary

- 1818 : ROBILLOT Étienne, propriétaire

- 1819 / 1843 : NAMY Claude dit Berthelot (1781 / 1843), journalier, propriétaire

- 1843 / 1880 : NAMY Jacques (1807 / 1880), neveu de Claude, propriétaire

- 1880 / 1905 : GUILLEMOT Jacques (1834 / 1911), gendre de Jacques NAMY

 

Personnel

- 1731 : ARRIAT Etienne

- 1741, 1748, 1754 : ARRIAT Jean, tuilier

- 1760 : MOREAU LA VIGNE Jean et Claude, fermiers, Étienne, "tuilleur"

- 1820 : DESRIAUX Michel, MORIN Jean, tuiliers

- 1870 : COIGNET Léonard (24 ans), GENTIL Edme (43 ans), GERSON Jean (30 ans), MERLOT Pierre (27 ans), MORIN Jean, ROBILLOT Édouard (25 ans), THEVENIN Michel, tuiliers

- 1891 : PERRAULT Guillaume, 28 ans, tuilier / CHAILLOUX Auguste, 45 ans, tuilier / JACQUES Jean, 36 ans, tuilier

- 1896 : CHAMBON Paul, 33 ans

- 1911 : ROCHE Lucien, ouvrier tuilier (16 ans)

 

À quoi ressemble-t-elle ?

- fourneau

- halle de séchage (ou : hâle)

- maison

- grange

- écurie

- cour

- jardin

- chènevière

- prés

- terres

- carrière (à proximité)

 

Comment fonctionne-t-elle ?

 

Bernard Henriot, tuilier, explique : Le travail est simple et fait appel à l'utilisation des quatre éléments naturels, la terre, l'eau, l'air et le feu. On mélange la terre et l'eau pour obtenir une pâte, on expose le produit à l'air pour séchage, avant de le cuire au feu.

Le séchage doit être progressif. Il s'effectue à l'air libre à la belle saison, ou avec l'air chaud récupéré des fours de cuisson, durant l'hiver. La cuisson (...) demande une surveillance constante (...). Il y a ensuite huit jours de refoidissement avant de pouvoir récupérer les carreaux. Un refroidissement trop rapide, et la terre cuite se fend.

Extrait de Bernard Henriot, tuilier à l'ancienne par Nicolas Billy, Écho charitois, 15 juillet 2010.

 

Où se trouve-t-elle ?

- au sud-est du village des Taules

 

 Archives de la tuilerie

1748 : Bail de la tuilerie

1754 : Bail de la tuilerie

1806 : Vente d'une maison dépendant autrefois de la tuilerie

1819 : Vente de la tuilerie 

 

Des concurrentes ?

- Oui, Châteauneuf compte plusieurs tuileries : à Chamery, Fonfaye...

- D'autre part, tout semble indiquer qu'il y avait, vers 1900, deux tuileries aux Taules, la tuilerie "historique" et celle d'un de ses anciens ouvriers devenu patron, Auguste Chailloux.

- 1901 : CHAILLOUX Auguste, 55 ans, tuilier, patron / CABARAT Jean-Marie, 31 ans, tuilier

- 1906 : CHAILLOUX Albert, 34 ans, fabricant de tuiles

 

Un "hâle" de tuilerie

 

À voir !

La tuilerie "à l'ancienne" de Bernard Henriot se visite les lundis, mercredis, jeudis et vendredis de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h, le samedi sur réservation.

- Tuilerie de La Chapelle - 15 bis, route de Cropigny - 58 800 - Corbigny

- Tél : 03 86 20 10 53

 

Contributeurs

- Nicolas Billy (Écho charitois) - Lucien Charrault (†) - André Devallière (†) - Bernard Henriot - Édouard Jarrault - Jean-Michel Torcol.

 

Page créée le 10 juillet 2010. Dernière mise à jour le 28 novembre 2023.

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