Jours de Cendre |
1800-1900: dans le Cher Forge et haut-fourneau de Grossouvre en 1814 - Cher |
Forges et fourneaux La période post-révolutionnaire et ses guerres entraînent un fort essor de l'industrie métallurgique, avec, notamment, la fabrication des fusils et des boulets... Ce regain d'activité attire probablement une main-d'oeuvre venue des départements voisins. En tout cas, c'est dans le Cher, à Grossouvre, que l'on retrouve, en 1806 (douze ans plus tard...), Godefroi Cendron, désormais charretier de bât (au service, sans doute, de la forge), et Eugénie Lurier (VIIIe génération). Le 4 novembre 1806, il y marie sa fille, Marie ; celle-ci a pour témoins un homme d'affaires de Grossouvre et le régisseur de la forge (voir la page sur l'histoire de la forge de Grossouvre). En quelle année et dans quelles conditions Godefroi Cendre a-t-il quitté la Nièvre ? Le mystère, à ce jour, reste complet. Mais il est coutumier du fait : déjà, entre 1780 et 1785, il avait disparu des registres. Au total, ce sont donc dix-sept années de sa vie qui nous échappent... Où se trouve-t-il alors ? Dans une garnison ? En prison ? Cela pourrait par exemple expliquer qu'il n'ait que trois enfants, phénomène peu fréquent à l'époque. Leur fils, Jean Cendron (VIIe génération), ne s'éloigne guère de Grossouvre. On trouve sa trace en différents points de La Guerche-sur-l'Aubois, commune voisine. Ainsi s'établit-il pour une durée de six ans, en 1819, au Fief. Le bail précise que le propriétaire s'engage à faire paver dans le courant de l'été l'écurie des chevaux, d'y faire placer un auge et de fournir aux prenneurs le bois nécessaire pour la confection d'un ratellier... C'est au Fief que son épouse, Marie Dupont, décède en 1824. Elle a tout de même eu le temps d'avoir six enfants. Devenu veuf, Jean Cendron s'installe au Gravier puis au Moulin-Neuf, toujours à La Guerche. C'est d'ailleurs au Moulin-Neuf qu'il passe les derniers mois de sa courte vie - il meurt à l'âge de 37 ans -, vraisemblablement dans la ferme photographiée ci-dessous. Analphabète, Jean Cendron est voiturier de bât, comme son père - profession répandue dans une région où l'industrie métallurgique est florissante... et les chemins en piteux état ! Le transport du minerai et du charbon s'opère à dos de mulets ou de chevaux de bât, sous la conduite d'un voiturier équipé d'un long fouet. A l'époque, celui-ci peut gagner vingt sols par jour (une livre de pain vaut quatre à cinq sols). La journée de travail est de douze ou treize heures. Godefroi et Jean Cendron connurent probablement une vie misérable. On ne sait évidemment pas quel fut leur état de santé mais la description suivante du canton de La Guerche, faite par un médecin en 1841, laisse rêveur : En résumé l'air constamment humide du canton de La Guerche dispose aux fièvres putrides adynamiques, gastriques ou saburales, aux affections muqueuses catarrhales et vermineuses, aux engagements abdominaux, aux hernies, aux scrophules, aux rachitismes, aux fleurs blanches, aux affections arthritiques, aux flux intestinaux, aux catarrhes des poumons, de la tête, et par suite à l'apoplexie séreuse et à la paralysie.
Jean Cendron et Marie Dupont (VIIe génération) disparaissent, respectivement, en 1826 et 1824 (inhumés, soit dit en passant, sous le nom de Sandron). On ne trouve aucune trace de leurs tombes. Leurs maigres biens - parmi lesquels une vache hors d'age sous poil fleury - sont vendus aux enchères sur la place publique. |
L'installation à Sancoins Que deviennent alors leurs quatre enfants encore vivants, dont le plus jeune a trois ans ? C'est ce dernier, Antoine Cendron (VIe génération), que l'on retrouve en 1842, alors en âge d'effectuer son service militaire. Il vit à Germigny-l'Exempt (canton de La Guerche) et a pour tuteur un certain Nicolas Bissonnier, grand-oncle maternel. A l'époque, les conscrits sont tirés au sort et le service militaire dure sept ans. Antoine en est exempté pour taille insuffisante. La taille requise est alors de 1 m 56... Une soeur d'Antoine, Marie Cendron, se marie à Sancoins en 1836, où elle est couturière. Quelques mois plus tard, elle y meurt, à l'âge de 19 ans. C'est la première mention du patronyme Cendron à Sancoins. Antoine Cendron (VIe génération) se marie le 29 juin 1848, lui aussi à Sancoins. Il est alors journalier ; sa femme, Marie Chabot, domestique. Au bas de l'acte de mariage, on trouve sa signature : Sandron... Au cours des années, Antoine est cabaretier puis, à sa mort, en 1864, jardinier. Marie Chabot, analphabète, est aubergiste. Elle meurt à l'âge de 97 ans... 52 ans après la mort de son mari ! signature d'Antoine Cendron (29 juin 1848) Leur fils aîné, Antoine Cendron, part s'installer à La Châtre (Indre) entre 1880 et 1882. Il y crée une entreprise d'horticulture et fait bâtir une maison avenue de la Gare. La maison de La Châtre en 1893 - Dessin de Jean Cocu
Leur fils cadet, Lucien Cendron (Ve génération), est tonnelier. En 1876, s'il est domicilié à Sancoins, il réside apparemment à Paris. Il est lui aussi exempté du service militaire à cause de "taches sur les yeux". Contrairement à ses parents et grands-parents, Lucien Cendron sait lire et écrire. On trouve sa trace en 1887 à Nevers, où il exerce le métier de limonadier au 21 de la rue de l'Oratoire (près du palais ducal). Après sa mort, survenue en 1904, sa femme, Juliette Chagnon part s'installer avec ses deux fils - Emile (IVe génération) et Marcel - à Paris. La page du Cher est tournée.
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Quelques adresses à Sancoins 1861 : Antoine Cendron et Marie Chabot - faubourg de Nevers (51 ?) 1861 : Jean Cendron et Anne Valigny - lieu-dit du Breuillat et de la Noue 1875 : Jean Cendron et Anne Valigny - route de Saint-Amand 1885 : Antoine Cendron et Emilie Laplaine - Aux Oiselets 1887 : Lucien Cendron et Juliette Chagnon - 21, rue de l'Oratoire - Nevers 1891 : Lucien Cendron et Juliette Chagnon - rue de Nevers (2 ?) 1891 : Emile Guedard et Amélie Cendron - rue de Nevers (57 ?) 1891 : Antoine Cendron et Emilie Laplaine - rue de l'Aubois |
Bibliographie * Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry - n° 126 (1996) - Grossouvre-Trézy, l'un des principaux centres métallurgiques du val d'Aubois - Marie VASLIN * Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts - Notice historique sur les forges et fourneaux au canton de La Guerche, par L. Roubet - 1886. |
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Page créée avant le 22 août 2006. Dernière mise à jour le 17 octobre 2018.