La tuile de Menou

(1802)

 

L'inscription

Je suis la premiere

qui à été faite

de cette annez

de 1802 le 22 mars

mars le pain

vaillant 6 sols

la livre le vin

12 sols la bouteil

je suis été faite

par Louise

Marliau à

Menou

 

Ce qu'elle nous apprend

- Le pain vaut alors, en 1802, 6 sous la livre à Menou.

- Le vin vaut 12 sous la bouteille.

- La tuilerie ne fonctionne pas l'hiver (le séchage des tuiles étant alors impossible).

 

 

L'auteur de l'inscription

Son identité reste incertaine. On relève bien dans les archives la trace d'un certain Louis Mariaux (1748 / 1826), né et décédé à Menou, tuilier de profession... mais l'homme est analphabète. Une de ses filles, Marie-Louise Mariaux (1782 / 1856), souvent prénommée Louise, pourrait être l'auteur de l'inscription.

 

Le lieu de fabrication

La "tuile de Menou", d'un modèle rudimentaire, fut sans doute fabriquée dans l'une des deux tuileries des Pierrets, lesquelles semblent avoir cessé leur activité au début du XXe siècle.

Ruines des tuileries des Pierrets (© Géoportail)

 

Les tuiliers de Menou

À ce jour, les plus anciens tuiliers recensés à Menou sont Louis Chevalier (1699), Claude Chevalier (1720) et l'honorable homme Guillaume Martin (1722).

Quelques familles de tuiliers de Menou : les Chevalier (XVIIIe siècle), les Mariaux (XVIIIe siècle), les Delarat et les Guinault (XIXe siècle)... Toutes ces familles sont étroitement associées par mariages successifs.

 

Les trois tuileries de Menou

- La mention la plus ancienne d'un tuilier à Menou - et donc, peut-on supposer, d'une tuilerie - remonte à 1699, sans que celle-ci soit localisée précisément.

- Le "Dictionnaire topographique de la Nièvre" (1865) mentionne l'existence d'une usine baptisée Les Tuileries à Menou.

- Les recensements du XIXe siècle font état de la présence de tuiliers dans deux hameaux de Menou, tous deux situés au sud du bourg et séparés par un bon kilomètre : les Pierrets et Chauffour. Trois tuileries semblent s'être trouvées sur le chemin conduisant du premier hameau au second, les deux premières à mi-distance et la troisième plus au sud, en face du chemin menant au Petit-Chauffour (dont le nom évoque un four à chaux). On note d'ailleurs que la rue qui s'éloigne du bourg en direction de ces deux hameaux, contournant le château, s'appelle la rue des Tuileries, (et non de la Tuilerie). Les ruines indiquées par la carte IGN correspondent aux deux premières tuileries.

Emplacements supposés des anciennes tuileries de Menou

- Menou aurait donc abrité trois tuileries, dont l'une - celle des Pierrets - aurait fermé ses portes à la veille de la Première Guerre mondiale.

 

Bail de la tuilerie

* 1738 : bail de la tuilerie de Menou

 

À quoi ressemble une tuilerie ?

- fourneau

- halle de séchage (ou : hâle)

- maison

- grange

- écurie

- cour

- jardin

- chènevière

- prés

- terres

- carrière (à proximité)

 

La vie quotidienne d'un tuilier

Le métier de tuilier est extrêmement pénible. Son activité prend diverses formes : à la fin de l'automne ou en hiver, il faut d'abord extraire l'argile de la carrière et la transporter jusqu'à la tuilerie, où on la laisse reposer un certain temps ; elle est ensuite versée dans une fosse creusée à cet effet et recouverte d'eau ; le " marcheux " est alors chargé de la piétiner et de la brasser à plusieurs reprises, de façon à la débarrasser de ses impuretés ; c'est le " corroyage " ; la pâte obtenue est ensuite découpée en " vasons " (amas) que le " vangeur " pétrit une nouvelle fois, mais de ses mains, avant de les confier au " mouleur " ; celui-ci, qui travaille sur un établi disposé dans la halle, en garnit ses moules, avant de les remettre au " porteur ", souvent un adolescent faisant son apprentissage, qui dispose ensuite les tuiles " crues " sur l'aire de séchage ; au bout de quelques semaines, celles-ci vont être enfournées pendant plusieurs jours, sous la surveillance du " cuiseur ", y compris la nuit. La cuisson se fait de préférence en été car la pluie est la grande ennemie du tuilier.

" La bonne tuile doit être dure, sonore & comme glacée à la superficie, point poreuse, d'une couleur uniforme. "

(d'après un ouvrage de 1763)

 

Contributeur

- Véronique Durey (Poterie des Grands Bois, La Chapelle-Saint-André)

 

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Page créée le 20 novembre 2015. Dernière mise à jour le 6 mars 2016.

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