Châteauneuf, 1796 : À Tresseux, un enfant, employé par ses parents à la garde des troupeaux, est dévoré par un loup. On trouve des loups, dans la région, jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale. (0)

Cote : 42 L 2 - Archives départementales de la Nièvre

 

Vue aérienne de Tresseux (© Géoportail)

 

Châteauneuf-Val-de-Bargis, 11 floréal an 4 (1)

1 - Ce jourd'huy onze floreal l'an quatre de la

2 - Republique française une et indivisible, heure de onze du

3 - matin,

4 - Devant nous Nicolas Bonnet juge de paix du canton

5 - de Chateauneuf au val de Bargis se sonts presentés les

6 - citoÿens Edme Namy et René Gendre tous les deux laboureurs

7 - demeurants au lieu de Tresseux (2) commune dudit Chateauneuf,

8 - lesquels nous ont dit que la bete feroce (3) qui regne depuis

9 - plus de cinq à six mois dans nos contrée venait de

10 - devorer un enfant appartenant à Martin Loizeau

11 - journaillier demeurant audit lieu de Tresseux, qu'ils ont

12 - entendu le bruit des patres qui cryoient et sonts

13 - accouru à eux et etant à un bois usage (4) de la

14 - commune de Chateauneuf appelé la Petite Vallée

15 - ils ont parcouru dans ledit bois et ont suivi le train

16 - de la bête qui emportait l'enfant et etant parvenu

17 - à une certaine distance ils nous ont declaré avoir

18 - trouvé la tête et plus loin le corps tout devoré ;

19 - pourquoi ils se sont transporté vers nous pour en

20 - faire leur déclaration et de suite pour que nous

21 - eussions à nous transporter audit lieu à l'effet d'en

22 - faire la levée (5) et d'en dresser proces verbal ; pourquoi

23 - nous juge susdit disons que de suite nous nous

24 - transporterons avec notre greffier, le citoyen president et

25 - l'agent municipal de l'administration de ce canton et

26 - avons signé, lesdits Namy et Gendre ayant declaré

27 - ne le sçavoir.

 

N. Bonnet (6), juge de paix - Vernon, g[reffi]er

 

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Notes et vocabulaire

(0) - Par convention et pour en faciliter la lecture, le texte original a subi diverses retouches : ajout de majuscules, accents, apostrophes et autres signes de ponctuation indispensables à la compréhension ; développement des abréviations ; suppression des majuscules superflues ; séparation des mots accolés... En revanche, l'orthographe n'a pas été corrigée. Les mots entre parenthèses sont incertains.

(1) - onze floreal l'an quatre : 30 avril 1796.

(2) - Tresseux : Hameau-fantôme perdu dans les bois, "bout du monde" de Châteauneuf, aujourd'hui abandonné des hommes (?) et méritant la promenade. À la fin du XVIIe siècle, Tresseux semble se résumer à un simple domaine, appartenant à un bourgeois de Cessy-les-Bois et tenu par une communauté de sabotiers, mais, dès le début du XVIIIe siècle, il est question du village de Tresseux. Cent ans plus tard, Tresseux constitue un véritable hameau, regroupant une douzaine de familles et autant de maisons. Le toponyme Tresseux renvoie sans doute à ses premiers habitants, dont on imagine qu'il devait s'agir d'une famille de vanniers, de tresseux. Cette étymologie - trop simple ? - n'est pas retenue par l'abbé Charrault Charrault dans son Histoire de Châteauneuf, qui avait peut-être ses raisons.

(3) - la bete feroce : Il s'agit évidemment d'un loup ; on en trouve, dans la région, jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale.

(4) - usage : Bois mis à la disposition des habitants, moyennant redevance, pour y mener les bestiaux ou y couper du bois de chauffage.

(5) - faire la levée : Action d'enlever, par autorité publique, le corps du mort pour l'emporter au lieu où il sera inhumé ; en l'occurrence, la levée sera faite dans l'après-midi.

(6) - N. Bonnet : Nicolas Bonnet (1750-1842), né et décédé à Châteauneuf, fils de Jean-Baptiste Bonnet, est notaire royal (1780 à 1820), procureur fiscal (1788), juge de paix (1801), propriétaire (1842). Il est le père du premier maire de Châteauneuf, Louis Bonnet.

 

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Page créée le 3 octobre 2006. Dernière mise à jour le 11 décembre 2018.

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