|
Romain Baron (1898 - 1985) historien du Nivernais |
|||
Biographie |
Extraits de la biographie de Romain Baron par Bernard Stainmesse dans les Mémoires de la Société académique du Nivernais - tome LXVII - 1985
Un samedi matin de septembre 1985 mourait Raymond Baron, presque par surprise. (...) Né à Marcy en 1898, il était issu d'une famille rurale modeste. Sa formation et son cursus honorum sont le modèle même de ce que pouvait être l'ascension sociale d'un bon sujet d'origine sociale médiocre dans la IIIe République d'avant 1914. Boursier, interne au Lycée de Nevers entre 1909 et 1917, il fut l'excellent élève qui raflait régulièrement les prix ; à la fin de son année de philosophie, en 1916, c'est lui qui reçut la médaille de Coubertin alors octroyée à l'élève de second cycle du Lycée "jugé le plus digne au triple point de vue de l'effort accompli dans ses études, de ses succès sportifs - il éprouvait une faiblesse pour le rugby - et de ses qualités d'énergie, de loyauté et de maîtrise de soi". Le bac obtenu, la logique voulait alors que le bon élève de la République devienne à son tour professeur ; la voie est classique : la khâgne à Paris, au prestigieux Lycée Henri IV... mais la guerre interrompit ses études en avril 1917 ; ce furent alors la mobilisation puis le front ; gazé en juillet 1918, il termine la guerre à l'hôpital. Démobilisé au printemps 1919, il reprend le cours de ses études là où il les avait laissées : admissibilité à l'Ecole Normale Supérieure, boursier à la Faculté des Lettres de Lyon (et passablement déçu par l'enseignement que l'on y dispense alors), l'agrégation de grammaire en 1922. C'est le début de trente-sept ans de carrière professorale interrompue pendant quelques mois seulement, en 1939, par une nouvelle mobilisation. Gageons qu'il fut un professeur solide et efficace plutôt que
brillant : il ne semble pas avoir éprouvé une estime
particulière pour le milieu professionnel qui était le sien :
sans doute le jugeait-il trop fermé. Sa carrière a quelque
chose d'étrange quand on sait l'attachement qu'il porta à son
pays : il choisit une voie que l'on pourrait qualifier
d'"exotique" : un bref passage à Colmar où il se marie (1),
dans une Alsace où il s'agit alors de réinstaller un
enseignement français, puis c'est le Maghreb. C'est d'abord le
Lycée Carnot à Tunis jusqu'en 1931 avec, en arrière-plan,
Carthage et la découverte fascinante de l'archéologie ; puis
quatorze ans au Maroc : le Lycée de Rabat et le collège
musulman de Fez dont il assura la direction pendant la guerre
; le séjour y est assez long pour qu'il puisse s'intéresser au
monde berbère ainsi qu'à la situation coloniale qu'il juge
sans complaisance. 1945, c'est le retour en France, à Paris,
au Lycée Charlemagne, à un de ces postes qui, à cette époque,
étaient l'aboutissement de ce qu'il convenait d'appeler une
belle carrière. La retraite arrive en 1958 ; ce sont alors dix
années de vie parisienne, à deux pas de la Bibliothèque
Nationale qu'il fréquente bien sûr assidûment, avant le retour
à Nevers. (...) De l'érudition, il a su conserver et porter à la perfection la minutie, le souci de la précision et la densité de l'information, tout ce qu'engrangeaient les petites fiches sur demi-feuilles de cahier d'écolier glissées dans la poche ou le cartable ; servi par le privilège d'être homme de terrain, son terrain, la région de Varzy, il possédait en outre ce flair particulier qui fait trouver le bon document, la bonne source. (...)
Bernard Stainmesse
Notes (1)
- Il épouse Alice Marie Hoffmann le 12 juillet 1925 à
Mulhouse. |
Inauguration de la rue Romain-Baron à Varzy (58) en présence du maire, M. Marchand. février 1989 |
|
Dernière mise à jour le 23 septembre 2023.