1 - à Mienne (1) ce 27 dec[embre] (0)

 

2 - Monsieur

 

3 - J'ai receu des ordres du Roi pour ordonner dans le gouv

4 - ernement de Nivernois des chasses generales et batt

5 - éés aux loups par les communes avec des lettres de

6 - cachet aux meme effet pour quelques gentilshommes

7 - de la province, et comme par le respèct et la considerat

8 - ion que l'on a pour vous et par l'étendue de vos terres vous

9 - etes un de ceux qui y peuvent le mieux tenir la main (2)

10 - j'ai crù qu'en vous en envoiant une, vous ne seriés pas

11 - faché d'y contribuer de vos soings, j'ai cru qu'en vous en envo

12 - ant une j'y ai joint Monsieur des ordonnances pour

13 - les paroisses de Couloutre, Perroi, Sciés, Colmeri

14 - et Antrain (3) qui sont autour de chés vous, agréé

15 - que je vous prie de les envoier faire publier par les

16 - curés (4) apres que vous aurez pris la péne de les faire

17 - remplir, et leur ordonner ce qu'ils auront à faire

18 - pour l'execution des volontés de sa majesté, souhaitt

19 - ant d'ailleurs une occasion de vous faire connétre la

20 - passion que j'ai de meriter votre bienveillance en

21 - qualité de

22 - Monsieur

23 - Votre tres humble et tes ob

24 - eissant serviteur

25 - De Vielbourg (5)

26 - Mr le baron de La Riviere (6)

 

27 - si Antrain et Colmeri sont trop eloignés de vous, vous pouvés les envoier

28 - les ordonnances de ces lieux à qui vous jugerés à proposer remplissant de

29 - leurs noms.

 

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Notes et vocabulaire

(0) - Par convention et pour en faciliter la compréhension, le texte original a subi diverses retouches : ajout de quelques apostrophes, accents et autres signes de ponctuation ; abréviations développées ; suppression des majuscules superflues ; division de certains groupes de mots accolés les uns aux autres... En revanche, l'orthographe n'a pas été corrigée. Les mots entre parenthèses sont incertains.

(1) - Mienne : Myennes (58), érigé en marquisat en 1661.

(2) - tenir la main : Avoir soin que quelque chose se fasse comme il faut.

(3) - Couloutre, Perroi, Sciés, Colmeri et Antrain : Couloutre, Perroy, Ciez, Colméry et Entrains-sur-Nohain (58).

(4) - faire publier par les curés : Il est en effet dans les attributions des curés de tenir la population informée des ordonnances royales.

(5) - De Vielbourg : L'identification de ce personnage permettrait de dater, au moins approximativement, le présent document ; à ce jour, trois prétendants :

- marquis de Vieilbourg, lieutenant du roi au gouvernement du Nivernois, capitaine d'une compagnie d'ordonnance, père du second (1684) ;

- Edme-Ravaud de Vieilbourg (1665-1741), prieur de Cessy-les-Bois, seigneur de Vielmanay, jeune homme vivant à Paris et étudiant à la Sorbonne (1684), marquis de Myennes (1702) ;

- Louis-René de Vieilbourg, marquis de Myennes, lieutenant pour le roi en ses provinces de Nivernois et Donziois (décédé vers 1734).

(6) - Mr le baron de La Riviere : La famille de La Rivière possède de nombreuses châtellenies dans la région mais le destinataire de cette lettre reste à identifier (peut-être s'agit-il du seigneur de Ménestreau ?).

 

 

Eclairage

- Extraits tirés par A. Devallière du livre Les Animaux ont une histoire - Robert Delort - Collection Univers historique (J. Julliard et M. Winock)

…[ A l’évidence, c’est la bête que Dieu envoie pour châtier les hommes et égorger les brebis égarées privées de leur bon Pasteur. Son caractère démoniaque et maléfique se renforce d’autant]…

….[ De tels heurts avec les hommes sont mentionnés à partir des grandes invasions de l’époque burgonde (qui organise la chasse au loup) puis mérovingienne et surtout pendant le règne de Charlemagne, dont le Capitulaire de 813 prévoit entre autre, pour chaque Comté deux hommes spécialisés dans la destruction des loups]….

….[les loups sont solidement installés dans l’Occident continental : en 1113, de St Jacques de Compostelle, on décrète des battues qui couvriront l’ensemble de la chrétienté romaine : " Tous les samedis, sauf veille de Pentecôte ou de Pâques, chevaliers, prêtres et paysans qui ne travaillent pas doivent aider à leur destruction " ]…

….[Un bourgeois de Paris dans son journal décrit précisément les loups pénétrant dans les villes au cours de l’été 1421, déterrant les cadavres, croquant chiens, chats, voire femmes et enfants….Durant l’hiver 1438-39 les loups entrèrent dans Paris…On sait aussi les effets de la famine de 1502 , de la guerre de 30 ans en Allemagne, de l’hiver de 1709. ]…

….[Grâce à son cou très musclé et à ses vertèbres non soudées, le loup peut tenir dans sa gueule un mouton ou un enfant pris par le milieu du corps. Son large poitrail, ses omoplates obliques autorisent les mouvements les plus souples et, en outre, dégageant le poumon, lui donnent ce " souffle " fantastique qui l’emmène à 40, voire 50 km par heure et surtout lui permettent de tenir une allure rapide pendant des heures ; on cite un vieux loup, débusqué dans la Forêt de Fontainebleau, poursuivi sans relâche par le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, et atteint seulement 4 jours plus tard aux portes de Rennes.]…

…[Sa prudence, son efficacité, sa sagesse en font déjà, autant que ses performances physiques, une bête remarquable ]….

…[Parfois, l’homme passe à l’offensive ouverte…En 1697 la levée en masse est décrétée en Berry pour " huer et chasser le loup ", et, la même année, les battues ordonnées en Orléanais se soldèrent par plus de 200 loups tués.]

Notons que jusqu’à la Révolution, les paysans combattaient le loup sans arme à feu qui était réservée strictement au Seigneur Noble.

….[en mars 1795, la Convention est obligée d’augmenter les primes de destruction (360 livres pour une louve pleine, 2500 pour une femelle, 200 pour un mâle, 100 pour chaque petit dépassant la taille d’un renard) Le Directoire, en février l797, rétablit les battues, en particulier dans les forêts nationales.]….

Donnée statistique : de 1818 à 1829, la seule Louveterie rétablie en 1804, sans que disparut le système de primes, aurait détruit 18 709 loups en France… au XIX ème Siècle, on tue au bas mot 2.000 bêtes par an.

En 1882, l’Etat offre encore 150 F pour une louve pleine, 100 pour le loup… alors qu’un petit fonctionnaire gagne 70 F par mois.

 

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Page créée le 13 juin 2007. Dernière mise à jour le 25 mars 2012.

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