Mille ans d'histoire

- enquête sur un château disparu -

 

La motte castrale - juillet 2003

 

La butte photographiée ci-dessus est tout ce qui reste du château de Châteauneuf - lequel donna pourtant son nom à la commune et aurait peut-être mérité un peu plus de considération !

 

Un fortin de bois

À l'origine, le château de Châteauneuf n'est sans doute qu'un simple fortin de bois, érigé à la fin du Xe siècle ou au début du XIe. La motte sur laquelle il repose est, vraisemblablement, artificielle. L'ensemble - motte et fortin - est d'une construction peu coûteuse et rapide (quelques mois). En ces temps de raids et de razzias, menés par des troupes peu nombreuses mais extrêmement mobiles, c'est ce qu'il faut.

Quelques décennies plus tard, le fortin laisse place à un véritable château de pierre, dont la construction demande des années. Autour de lui, à distance du village primitif (paroisse de Vif), l'espace se réorganise : apparition des hameaux du Moulin (moulin banal), du Pressour (pressoir), des Taules (étables)... Le val de Bargis et l'axe commercial que constitue le grand chemain de La Charité à Varzy sont sous bonne garde. Et l'autorité du seigneur s'affiche aux yeux de tous, amis ou ennemis !

Mille ans d'histoire

Bargiacus est mentionné pour la première fois en 578. Il faut attendre plus de quatre siècles, en 1014, pour que le château le soit à son tour. À l'époque, il est la propriété de l'évêque d'Auxerre, Hugues de Châlons. En 1184, Pierre de Courtenay, comte de Nevers, y est reçu. Durant la Guerre de Cent ans, en 1423, le château, qui n'est évidemment plus le fortin des origines, est dévasté. Il le sera à nouveau vers 1570 pendant les Guerres de Religion. Le donjon survit quelque temps puis les dernières pierres du château disparaissent, à la fin du XIXe siècle, utilisées à la construction de la RN 151.

État des lieux

Selon l'abbé Charrault (qui ne cite pas ses sources et se laisse peut-être bien emporter par son imagination) : [Le château] dressait sa masse énorme et redoutable sur la colline détachée qui commande le Val de Bargis. Trois terrasses superposées et armées de tours faisaient de ce château une forteresse. Un donjon carré, aux murailles titaniques [sic], dominait toutes les constructions. Bâti au sud d'une plate-forme immense, il avait ses fortifications à part. L'habitation seigneuriale était plus au nord, face au bourg.

On peut ajouter qu'il y a vraisemblablement un étang (une douve ?), aujourd'hui asséché, au pied de la butte. La toponymie en témoigne : la partie en creux bordant la motte castrale s'appelle le Champ de l'Étang et on y constate encore, en saison sèche, des traces d'humidité.

L'abbé Charrault rapporte que les fossés de l'ancien château ont été l'objet de fouilles rudimentaires. On y aurait trouvé quelques médailles et, sur le tertre, deux sarcophages renfermant les squelettes d'un adulte et d'un enfant - lesquels furent portés au cimetière.

Enfin, la rumeur raconte qu'autour du château s'étendait un réseau de galeries souterraines (l'une d'elles aurait été mise à jour en creusant un puits en 1884). Ces souterrains enfiévraient l'imagination des enfants du village. Ils n'existent malheureusement pas.

Le plan ci-dessus est l'oeuvre de Julien Barré de Saint-Venant (1847-1930), historien et archéologue.

Reconstitution

Ci-dessous une reconstitution - non contractuelle ! - du château :

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Vers une campagne de fouilles ?

Qui sait ? La motte castrale de Châteauneuf sera peut-être un jour l'objet de fouilles. Au-delà de l'intérêt historique, cela pourrait également être l'occasion de revivifier la vie économique locale, en attirant quelques touristes dans le val de Bargis. D'ici là, le site est, au moins théoriquement, protégé : la loi du 15 juillet 1980 interdit la destruction de tout site archéologique.

 

Visite d'une motte castrale

Une motte castrale en l'an mil

 

Lien utile :

Centre de castellologie de Bourgogne (CeCaB)

 

Page créée le 13 janvier 2005 - Dernière mise à jour le 17 avril 2020.

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