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Châteauneuf, 1790 : Offre d'achat du domaine de Bazin ayant appartenu aux religieux de l'abbaye de Bellary et donc considéré comme bien national. Ce domaine, qui n'existe plus aujourd'hui, se trouve en face de l'église. La description des bâtiments qui en est faite laisse à penser qu'il doit s'agir d'une construction peu ou prou symétrique au presbytère. L'acheteur est le maire de Châteauneuf. Il en fait l'acquisition 6 mois plus tard pour 16 300 livres. (0) Cote : 1 Q 883 (?) - Archives départementales de la Nièvre
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![]() Emplacement supposé du domaine du Bazin |
1 - Departement de la Nievre 2 - Distric de La Charité sur Loire 3 - Canton de Chateauneuf au val de Bargis 4 - municipalité dudit Chateauneuf
5 - je soussigné Louis Bonnet (1) marchand demeurant 6 - au bourg et paroisse dudit chateauneuf
déclare aitre 7 - dans l'intention de faire l'acquisition d'un domaine 8 - national don la designation suit ce domaine 9 - appellé le Bazin (2) situé au bourg dudit Chateauneuf 10 - consiste en une maison grange et ecurie
cour 11 - devant jardin derriere, en deux cent trente boisselée (3) 12 - de terre labourable ou environ, en trois piece de 13 - pré contenant à receuillire quinze milliers (4) 14 - de foin ou environ année commune et un 15 - capital de bestiaux servant à son exploitation 16 - de la somme de dix sept cent quatre vingt
livres ; 17 - lequel domaine qui cy devant (5) appartenoit à 18 - messieurs les religieux de Notre Dame de 19 - Bellary (6) est affermé par bail passé devant 20 - de La Barre et son collegue nottaire à
Donzy 21 - le deux may mil sept cent quatre vingt sept 22 - et est constaté estre d'un produit annuel (7) de quatre 23 - cent cinquante livres sur quoy je paye
soixante et 24 - dix livres dix sols d'inpositions pour
l'exploitation 25 - dudit domaine reste à trois cent (+ : soixante et dix neuf livres dix sols) 26 - de principal pour parvenir à l'acquisition
dudit 27 - domaine je me soumet à en payer le prix 28 - de la maniere determinée par la disposition 29 - des décréts des quatorze et trente un may
25. 30 - 26. et 29. juin dernier en consequance je
me soumet 31 - à payer à la quesse de l'extraordinaire (8) ou en celle
32 - du distric qui cera preposé d'abord lors de
l'acquisition 33 - l'acompte determiné par les décrets suivant 34 - la nature des biens et ensuitte le surplus
du prix 35 - de l'acquisition dans les terme de douzes
année 36 - le tout suivant les dispositions des dits
décrets 37 - promettant au surplus m'y conformer
absolument 38 - pour ma jouissance jusqu'à l'antier
acquittement 39 - du prix de mon acquisition et pour
parvenire 40 - à laditte acquisition je déclare choisire
pour mon 41 - experts la personne de sieur Martin fils
ainé 42 - chirugien demeurant à Beaumont la Ferriere 43 - pour procéder conjointement avec l'experts
ou 44 - les experts qui ceronts nommés par le directoire 45 - du distric ; fait à Chateauneuf le douze
aoust mil 46 - sept cent quatre vingt dix./.
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Notes et vocabulaire (0) - Par convention et pour en faciliter la lecture, le texte original a subi diverses retouches : ajout de majuscules aux noms propres, accents, apostrophes et autres signes de ponctuation indispensables à la compréhension; développement des abréviations ; suppression des majuscules superflues ; séparation des mots accolés... En revanche, l'orthographe n'a pas été corrigée. Les mots entre parenthèses sont incertains. (1) - Louis Bonnet : Louis Bonnet (...-...), maire de Châteauneuf de 1790 à 1794 (selon l’abbé Charrault).
(2) - Bazin : Le Bazin est (était) un domaine situé au coeur du bourg de Châteauneuf, face à l’église, s'étendant sur une vingtaine d’hectares (en 1790) : terres labourables et non labourables, prés, pâtureaux, jardin, chènevière... La culture principale est le blé. On y trouve divers bâtiments, dont un « grand corps de logis » où loge le fermier, une grange, une écurie, le tout ouvrant sur une cour et le « grand chemain » allant de La Charité à Varzy. Le corps de logis du Bazin est certainement l'une des constructions les plus importantes du bourg. Le domaine s'agrandit en 1751 d'une « chambre » dotée de tout le confort moderne (carrelage, vitres, cheminée, four, lavoir, cabinet de commodité...). Cette chambre est généralement louée. Le Bazin abrite également, au moins pendant quelques années, un cabaret (1738).
Selon l'abbé Charrault, l'évêque d'Auxerre fait don, en 1220, d'une vigne et d'une métairie situées à Châteauneuf aux chartreux de Bellary qui sont à l’origine, toujours selon l'abbé, du domaine du Bazin. On sait cependant que le domaine appartient en 1656 à la dame de Ménestreau puis, à la fin du XVIIe siècle au marquis de Menou, lequel le vend le 5 février 1700 aux religieux, qui le conservent jusqu'à la Révolution. Le 28 février 1791, le domaine du Bazin est acquis par Louis Bonnet, alors maire de Châteauneuf, pour la somme de 16 300 livres (prix de vente six fois inférieur à celui de la chartreuse de Bellary). (3) - deux
cent trente boisselée : La boisselée est une mesure agraire surtout répandue
dans le centre de la France et correspondant à la surface de
terre pouvant être ensemencée avec un boisseau de grains.
Système métrique aidant, la boisselée se stabilise, après la
Révolution, à 1 000 m². On peut donc en déduire que le Bazin
s'étend sur au moins 25 hectares (et non une dizaine comme
nous avions pu le penser à la lecture d'autres documents). (4) - quinze milliers : Unité de compte pour diverses marchandises. Elle peut comprendre exactement 1 000 unités (un millier de bottes de foin) mais en général il s’y ajoute toujours un supplément, la « garniture ». (5) - cy
devant : Auparavant. (6) - Notre Dame de Bellary : Notre-Dame de Bellary, chartreuse fondée en 1209 par Hervé IV, baron de Donzy, et son épouse Mahaut de Courtenay. La chartreuse, premier propriétaire terrien de la région, joue un rôle de premier plan dans la vie économique locale en fournissant des terres et du travail à bon nombre d’habitants. Elle détient un certain nombre de métairies et autres fabriques à Châteauneuf, Chasnay, La Charité, Nannay, Narcy, Pouilly-sur-Loire, Sainte-Colombe, Suilly-la-Tour, Vielmanay... Le nom de Bellary vient vraisemblablement de bel larris, belle clairière. (7) - produit
annuel : Ce produit est donc
estimé à 450 livres. Or, dans le bail de 1786, il est estimé à
150 livres, trois fois moins... (8) - quesse de l'extraordinaire : Caisse créée en décembre 1789 (et dissoute en 1793) pour gérer les fonds provenant de la vente des biens nationaux. |
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Page créée le 20 avril 2020. Dernière mise à jour le 20 avril 2020.
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