Châteauneuf, 1750 : Contrat d'apprentissage de six mois chez un tailleur de corsets et tapissier nouvellement établi à Châteauneuf, moyennant 56 livres. Le contrat stipule que la jeune apprentie, fille d'un cabaretier du bourg, sera nourrie et "couchée" par son employeur et que celui-ci, outre les secrets de son métier, lui apprendra également à lire et à écrire. Ce contrat en remplace-t-il un autre ? En effet, il fut précédé, quatre jours plus tôt, d'un premier contrat d'apprentissage plus avantageux. Celui-ci fut-il dans l'intervalle dénoncé ? On peut s'étonner, par ailleurs, que le contrat d'apprentissage prévoie le "couchage" de la jeune fille, alors que les domiciles respectifs de l'employeur et de la famille de l'apprentie doivent être distants de quelques dizaines de mètres tout au plus. Sans doute s'agit-il pour les parents d'économiser à la fois de la place et de la nourriture. (0) Cote : 3 E 8 / 6 - Minutes du notaire Jean-Baptiste Bonnet (Châteauneuf-Val-de-Bargis) Archives départementales de la Nièvre
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1 - Ce jour d'huy vingt sept du mois de may 2 - mil sept cent cinquante pardevant 3 - le notaire au duché de Nivernois residant au bourg 4 - de Chateauneuf au val de Bargis a esté present 5 - en sa personne François Picq marchand demeurant 6 - au bourg dudit Chateauneuf d'une part et 7 - s[ieu]r Imbert François (1) maitre tailleur de corps (2) 8 - du pays de Lion demeurant depuis cinq mois 9 - en ce dit bourg et Anne Binet son epouse 10 - tous demeurants audit lieu onts fait 11 - et font le traitté d'aprentissage de tailleur 12 - de corps et de tapisserie ainsy qui scuit. 13 - C'est à scavoir que ledit sieur Humbert 14 - François ont pris avec eux pour six mois 15 - Anne Picq fille dudit sieur Picq cy dessus 16 - denommé pour luy montrer leur mettier 17 - tant de tailleur de corps q[ue] tapisserie qu'autre 18 - petits ouvrages qu'ils sauront faire, de la 19 - norir, blanchir, coucher (# : et luy aprande à lire et ecrire) ; moyenant quoy 20 - ledit sieur Picq a promis et s'est obligé 21 - de luy payer pour lesdits six mois 22 - la somme de cinquante quatre livres (3) 23 - dont les premiers 24 - par avense et les autres 25 - dudit traitté et ou (4) ils ne seroient point 26 - comptant (5) de part et d'autre il sera 27 - loisible audit sieur Picq de retirer sa ditte 28 - fille apres les trois premiers mois expirez, 29 - ce qui a esté stipulé et accepté par les partyes. 30 - Car ainsy & fait en presence de m[aîtr]e Jean 31 - Picollet praticien et de Joseph Poubeau marchand 32 - demeurants aud[it] Chateauneuf temoins qui onts 33 - signez avec led[it] lesd[its] s[ieu]r Picq et Himbert François 34 - laditte Binet et ledit Poubeau ayant declarez 35 - ne scavoir signez d'eux (6) enquis et interpellé. 36 - soit controllé.
François Pic - François - Bonnet (7)
37 - Con[trô]lé à Donzy le 27 may 1750 38 - R[eçu] : 12 s[ols].
39 - je reconoit avoir resus le contenut au present 40 - traité de Jean Baptiste Gaurand (8) denomé au presente 41 - acte qui à ce moyien demeure nulle (9). 42 - fait le 19e juin 1751. François.
43 - Con[trô]lé à Donzy le 23. 7bre 44 - 1754. R[eçu] : 12 s[ols]. Dagot. |
Notes et vocabulaire (0) - Par convention et pour en faciliter la lecture, le texte original a subi diverses retouches : ajout de majuscules aux noms propres, accents, apostrophes et autres signes de ponctuation indispensables à la compréhension ; développement des abréviations ; suppression des majuscules superflues ; séparation des mots accolés... En revanche, l'orthographe n'a pas été corrigée. Les mots entre parenthèses sont incertains. (1) - s[ieu]r Imbert François : Installé depuis peu à Châteauneuf (cinq mois), ledit sieur se montre plutôt actif puisqu'il en est à son second contrat d'apprentissage en quelques jours. (2) - maitre tailleur en corps : Tailleur de corps : tailleur spécialisé dans la confection des corsets (corps) pour les femmes et les enfants. (3) - cinquante quatre livres : Quelques jours plus tôt, le sieur François demandait 56 livres. (4) - ou : Au cas où, si. (5) - comptant : Pour "contents". (6) - d'eux : Pour "de ce". (7) - Bonnet : Né à Cessy-les-Bois, descendant d'une famille d'officiers seigneuriaux, le notaire Jean-Baptiste Bonnet (1710 / 1801) est certainement, au XVIIIe siècle, le plus en vue des notables de Châteauneuf. A l'exception d'une période de dix ans, pendant laquelle il habite à Nevers, paroisse Saint-Etienne, il y réside la plus grande partie de sa vie, dans une maison située face à l'église. Il connaît une longue et belle carrière, occupant successivement ou simultanément diverses fonctions : notaire royal, juge, fermier de la châtellenie de Châteauneuf, procureur fiscal, bailli de La Celle-sur-Nièvre, conseiller du roi, commissaire aux saisies réelles du Nivernais... Son petit-fils, Louis Bonnet, sera le premier maire de Châteauneuf. (8) - traité de Jean Baptiste Gaurand : En effet, trois jours plus tôt, le tailleur signait un premier contrat d'apprentissage avec Jean-Baptiste Gaurand, mercier de profession (bisouart en 1759, c'est-à-dire colporteur) et savoyard de nation. (lire l'acte) (9) - demeure nulle : Un des deux contrats d'apprentissage signés par le sieur François à quelques jours d'intervalle se trouve donc annulé... mais lequel ? et pourquoi un an plus tard ? |
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Page créée le 6 août 2007. Dernière mise à jour le 28 février 2012.
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