LES CHEMINS DE SAINT-JACQUES

DANS LE VAL-DE-BARGIS

 

1) De Varzy à Champlemy

 

2) De Champlemy à Arbourse

 

3) D'Arbourse à Raveau

 

4) De Raveau à La Charité-sur-Loire

 

LES CHEMINS DE SAINT JACQUES DANS LE VAL-DE-BARGIS

Comment pouvons-nous parler du Val-de-Bargis sans évoquer, à un moment ou à un autre, les Chemins de Saint-Jacques ? Ce fameux pèlerinage à Compostelle.

Nous rappellerons succinctement que Saint-Jacques, dit Le Majeur, fut le troisième Apôtre du Christ et qu'il fut témoin de sa Résurrection.

Son tombeau fut miraculeusement découvert au IX ème Siècle en Galice (N-O de l'Espagne) qu'il évangélisa, - lorsqu'il arriva de Palestine sur un esquif. Le Saint fut aussitôt vénéré. Localement d'abord puis de plus en plus loin, jusqu'en Europe : Allemagne et Scandinavie qu'interrompit la Réforme pour demeurer ensuite un pèlerinage catholique européen, mais principalement français.

Des historiens ont estimé qu'en sa pleine période de ferveur le pèlerinage compta sur la route espagnole quelque trois millions de pèlerins par an. Ce chemin fut appelé en Espagne le " camino francès " (le chemin français) par les habitants.

L'assiduité à la pratique de ce pèlerinage s'éteignit graduellement jusqu'au XVIII ème Siècle ( le siècle des Lumières et du scepticisme) après l'apogée des XIII ème et XIV ème Siècles, avant de retrouver de la ferveur au milieu du XX ème Siècle, dans des conditions matérielles fort différentes, naturellement, sauf le cheminement qui se fait encore à pied.

Les quatre grands chemins, - les itinéraires, - avaient pour point de départ, du Nord au Sud : Paris, Vézelay, Le Puy et Arles qui regroupaient les pèlerins venus d'ailleurs et de plus loin, en France et en Europe.

Le chemin qui nous intéresse pour la Val-de-Bargis est celui de Vézelay qui se divisait, dès le départ, en deux branches :

- l'une, passant par Varzy, le Val-de-Bargis, La Charité s/ Loire et Bourges,

- l'autre passant par Corbigny, Nevers, Saint-Pierre-le-Moûtier

Celles-ci se rejoignaient à Gargilesse/Argenton s/Creuse pour se rendre ensuite sans variante jusqu'à la frontière espagnole actuelle, à Saint-Jean-Pied-de-Port s'unissant, à Ostabat, aux itinéraires venant de Paris et du Puy.

L'itinéraire d'Arles, par le col de Somport, retrouvait les autres, précédemment regroupés, à Puente-la-Reina, pour former le " camino francès ", à peu près invariable dans son parcours. Il existait aussi une branche maritime en cabotage.

Des cheminements annexes, venant d'autres provinces éloignées, rejoignaient les itinéraires principaux en des points tout au long du parcours.

Par conséquent un parcours depuis Vézelay jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle était de l'ordre de 1.600 kilomètres accomplis en étapes de 30 à 40 km chaque jour.

Comptons...dans des conditions optima, le pèlerin du Val de Bargis, par exemple, s'il y en eut, et pourquoi pas ? passait trois mois sur les chemins...

Un moine du XII ème Siècle, le poitevin Aymeric Picault écrivit " la guide ". Un itinéraire pour les pélerins...le Premier Michelin de tous les temps !....

Le pèlerin de Saint Jacques, le " jacquet ", quelques rares à cheval, le plus grand nombre à pied, se reconnaissait à son grand chapeau, pour le protéger de la pluie et du soleil ardent, orné d'une coquille Saint Jacques, à son ample manteau, à son bourdon, long bâton servant à la marche comme à la défense dans les périls de la route (certaines régions, dont la Navarre, étaient redoutées), et enfin à sa besace, composant une espèce de tenue spécifique en la circonstance.

Les pèlerins cheminaient le plus souvent en petits groupes pour éviter de s'égarer, pour prier ensemble sur les très nombreuses croix, signes, monuments du chemin, et aussi et surtout pour mieux se défendre des dangers du parcours.

Il fallait évidemment accueillir les pèlerins sur la route, prévoir des structures, comme on dit maintenant : des abbayes y pourvurent en partie, mais aussi des maisons de pèlerins s'établirent naturellement tout le long, sortes de lieux sommaires d'hébergement et d'intendance, pour manger et dormir, ainsi que des "hopitaux", pour les malades et les blessés. Les guillemets encadrant ce mot d'hôpital relativisent l'établissement, extrêmement modeste et sommaire (le plus souvent : une maison) avec quelque serviteur religieux ou laïc à l'accueil et pour les soins.

Parlons maintenant du chemin de Saint Jacques dans le Val-de-Bargis.

Nous allons d'abord faire référence à un chercheur faisant autorité sur le sujet : M. R. de La Coste-Messelière, pour ses Voies Compostellanes, avant de fixer le parcours.

A la sortie de Varzy, le chemin bifurque à gauche au pied de la colline que grimpe aujourd'hui la RN 151 pour s'engager dans un vallon passant devant la (très jolie et rénovée) chapelle Saint-Lazare, puis, à travers la forêt de Ronceaux va à Champlemy.

Il existe, pour couper, une variante évitant Champlemy et rejoignant Bourras.

Cette variante rejoint le chemin passant par Champlemy allant à Chateauneuf.

De Bourras, le chemin rejoint la grande ligne des Rouesses pour obliquer à droite vers l'Hopitot.

A coup sûr - cela a été écrit par ailleurs sur le présent site - l'Hôpitot fait référence à un hôpital pour pèlerins.

D'Arbourse, ensuite, le chemin rejoint Mauvrain, Murlin puis Raveau par les Bertranges et La Charité pour y passer la Loire.

Parlant du " chemin ", et en nous éloignant un peu de l'étude de M. de La Coste, il faut se délivrer de l'idée moderne d'une route, d'un itinéraire facile à suivre, balisé et carrossable. Le " chemin " est un sentier, probablement assez marqué par les cheminements des voyageurs pour Compostelle, à l'aller comme au retour, mais aussi par ceux des populations locales sédentaires.

Aucun chemin n'étant véritablement différent d'un autre, nous pourrions très facilement parler de capillarité des sentiers ou chemins, résultant de la fantaisie des paysans jugeant de la pratique à suivre pour aller d'un endroit à un autre, en fonction des obstacles éventuels comme de l'état provisoire de tel ou tel parcours.

Ainsi...toujours dans le présent site traitant du Donziais, nous lisons le mot " hopital " à propos de Nannay. Ce village n'est pas à proprement parler sur le parcours défini par M. de La Coste. Il n'empêche que l'appellation fait immédiatement penser à l'autre...l'Hopitot. On peut donc avancer, sans preuve, une " petite " (à trois kilomètres) variante possible à l'itinéraire décrit par M de La Coste (cette information n'engage que le scripteur).

Les routes, au sens qu'on leur donne aujourd'hui, résultent de la fondation par Trudaine de l'Administration des Ponts-et-Chaussées au milieu du XVIII ème Siècle.

On sait l'état déplorable des chemins sans entretien et impraticables l'hiver jusqu'à Napoléon I er.

La RN 151 projetée (et tracée sur le papier) de La Charité à Chasnay sur la carte Cassini, relevée de 1754 à 1758 n'existe plus loin que sous une forme pointillée (qui ne fut d'ailleurs pas entièrement suivie à la construction) et il fallut attendre 1827 pour la voir passer à Chateauneuf.

Au même titre, la carte d'Etat-Major de 1847 ne mentionne aucune route entre Donzy et Chateauneuf, alors que celle de Chateauneuf à Prémery s'y trouve.

Ces lignes - de digression, mais pas tant que cela !...- nous éloignent évidemment de la route du pèlerinage à Compostelle mais n'ont d'autre intention que d'évoquer une incertitude interrogative sur un itinéraire unique très précis. Sauf le grand respect du, sans réserve, aux travaux de M. de La Coste-Messelière.

André Devallière (octobre 2007)

 

Pauvres passants...

- 17 juin 1682, sépulture de François DELAGE : le dix sept juin mil six cent quatre vingt deux a esté enterré François Delage fils de Jean Delage et Andrée Laplantine pauvres passants de la paroisse de Chavaigne et ville d'Argenton en Berry.
Robeau

- 1er juillet 1682, sépulture de Andrée LAPLANTINE : le second juillet mil six cent quatre vingt deux a esté enterrée Andrée Laplantine femme de François Delage de la paroisse de Chavin proche la ville d'Argenton en Berry qui vint icy malade au retour du voyage de Ste Reyne.
Robeau

Dernière mise à jour le 6 octobre 2007.

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