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La Bruyère (1645/1696) - "De l'Homme"

"L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus dans la campagne, noirs, livides et tout brûlés de soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible; ils ont comme une voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et, en effet, ils sont des hommes; ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d'eau et de racines; ils épargnent aux autres la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé."

1er août 1673 - L'évêque de Nevers:

" Il y a des forgerons, charbonniers et fondeurs qui font des serments avec certaines cérémonies, qui profanent ce qu'il y a de plus sacré dans nos plus saints et augustes mystères et par lesquels ils s'obligent à mal traitter tous ceux qui n'exécuteront pas toutes les loix qu'ilz imposent eux mêmes contre toutes raisons et au préjudice des personnes publiques et particulières et de ne pas souffrire ceux de leurs mestiers travailler avec eux avant qu'ilz ayent juré en leur présence d'une manière si détestable."

27 juillet 1686 - Florent d'Argouges, intendant de Moulins:

"Ce qu'il n'est pas possible de vous taire, c'est l'état déplorable où sont les élections de Nevers et de Moulins. Il est encore tombé, le 22 de ce mois, une si furieuse gresle sur plusieurs de leurs paroisses qu'elle a achevé de tout ruiner. Les peuples y sont dans la dernière consternation. Les uns, dans les grands chemins, sont réduits à mandier; les autres, étendus devant leurs portes, semblent être au dernier moment de leur vie. En vérité, Monsieur, il n'est pas possible de voir le pitoyable état où ils sont sans être touché."

(Procès-verbal de la généralité de Moulins - 1686)

5 mai 1709 - L'évêque de Nevers:

" Pour la campagne, le nombre [des pauvres] est infini soit par rapport aux vignes, où l'on ne fait plus travailler, soit par rapport aux forges et fourneaux et aux bois qui font le commerce du Nivernois et dans lesquels on ne travaille plus aussi, faute d'argent et de blé pour faire vivre les ouvriers: ce qui réduit de part et d'autre à la mendicité plus de 4 000 tant journaliers que forgerons, coupeurs de bois, fendeurs, charbonniers, tireurs de mine, lesquels n'ayant pas d'ouvrage courent les paroisses, volent, pillent impunément. "

1709 - l'intendant du Berry:

"La tournée que je viens de faire dans les principaux marchés de ce département... m'a fait cognoistre par moy-mesme le triste état où sont les peuples de la campagne qui, n'ayant pas de quoy acheter de grain, se réduisent à manger des herbes et des racines qu'ils font bouillir dans l'eau sans sel n'y aucun assaisonnement..."

(Intendants en Nivernais au dernier siècle de l'Ancien Régime)

 

Dernière mise à jour: 22 février 2007