Chèvres de Châteauneuf

Bigues et bigouniers

  

 

Selon J.-N. Passal, cette carte postale pourrait représenter un chevrier itinérant et son troupeau d'origine béarnaise... mais il peut tout aussi bien s'agir du chevrier local.

 

 Appel à témoignages

Jean-Noël Passal est en train de faire un travail de recherche sur le sujet suivant :

Le voyage des chevriers béarnais (et leur troupeau) à travers la France, vers Paris et la Belgique dans les années 1870-1940, afin de vendre le lait dans les rues des villes ou sur les plages...

Il possède de nombreuses cartes postales des années 1890-1910 et notamment celles de Châteauneuf publiées sur cette page.

- Le chevrier a été reconnu comme chevrier béarnais et ses chèvres de race pyrénéenne sur la vue de la route de La Charité.

- Par contre, il semble sur la vue de route de Donzy que le chevrier et les bêtes soient différentes...

Ces hommes ont-ils été identifiés ?

S'ils ne sont pas des personnalités locales reconnues, on peut supposer qu'ils sont de passage... Venant d'où ? Pour aller où ?

Existe-t-il des documents administratifs ou policiers qui permettent de les identifier (droit de passage, droit de stationnement...) ou articles de journaux ?

Ont-ils déjà fait l'objet d'une étude, ou mentionnés dans un livre ou tout autre document relatif à la ville ou au département ?

 

  

 Souvenirs (1920)

Une particularité de Chateauneuf. Presque tout le monde dans le village avait une ou plusieurs chèvres (sauf mes grands-parents). Un "bigounier", gardeur de biques, passait le matin vers 9 h, partant de l'extrêmité du bourg avec son bouc et ses chèvres à lui en sonnant d'une trompe. Il suffisait d'ouvrir les portes et les chèvres sortaient des cours, se joignant au troupeau qui grossissait. Il les emmenait paître dans les jachères communales et revenait à midi, repartant à 2 h et rentrant le soir à 7 h. Son passage parfumait le village d'une odeur de bouc. Bien que laid, boiteux, bossu, louchant et sentant le bouc, le bigounier qui gagnait de petites sommes en faisant sa garderie, était un homme sympathique et un sage; vivant dans la contemplation de la nature, il connaissait le ciel par coeur et prévoyait à merveille le temps. J'oubliais: il était payé par les propriétaires de chèvres, mais bien peu! Un petit inconvénient des chèvres : outre l'odeur de bouc, c'est qu'elles raffolaient du tissu et du papier. Il ne fallait pas laisser traîner un torchon ou un tablier sur un banc devant les portes. On savait parfois ce qu'il était devenu en voyant briller des boutons au milieu des crottes de bique. Cela explique qu'à la mairie, l'affichage municipal, réservé au seul garde-champêtre, se faisait au-dessus de 2 mètres. Quand passait un cirque, un cinéma ambulant qui voulait afficher la séance, ils s'adressaient au garde-champêtre qui proposait ses services. "Nous le ferons nous-mêmes". Il leur montrait la partie inférieure du mur de la mairie "Faites donc". Le papier et la colle de farine fraîche utilisés étaient un régal pour les chèvres et dès le premier passage, il ne restait plus rien. Si bien que rapidement, les amateurs d'affiche avaient compris et payaient le garde-champêtre.

Guy Roudot (1913-1997), extrait de Mémoires d'enfance, communiqué par Michèle Roudot

 

 Histoires naturelles

LA CHEVRE
Personne ne lit la feuille du Journal officiel affichée au mur de la mairie.
Si, la chèvre.
Elle se dresse sur ses pattes de derrière, appuie celles de devant au bas de l'affiche,
remue ses cornes et sa barbe, et agite la tête de droite et de gauche, comme une vieille
dame qui lit.
Sa lecture finie, ce papier sentant bon la colle fraîche, la chèvre le mange.
Tout ne se perd pas dans la commune.

Jules Renard

 

 Souvenirs

- Gisèle Grenut : OUI, j'ai entendu souvent ce mot LES BIGUES et non les BIQUES chez mes grands parents, dans la région d'AUNAY EN BAZOIS ACHUN ceci il n'y a pas si longtemps dans les années 1940... mais bigounier je ne connaissais pas (on menait les bigues ou éventuellement les biguettes dans l'OUCHE  (qui désignait le pré à proximité de la ferme).

- André Devallière : Le bigounier est l'homme qui promène les bigues. Un gardien de troupeau. Exemple : " Tin ! l'bigounier vint d'passer avec ses bigues. Euh ! qu'y sent môvéé l'ourse ! ".

  

 Chevrier de Châteauneuf

Albert OUI, né en le 21 septembre 1873, à Paris 10e, enfant naturel, fils d'Emilie Florention OUI, 21 ans, perlière. Il n'y a pas d'autre "bigounier" à l'époque à Châteauneuf. Albert OUI vit, seul, au bourg. Il meurt à Nevers le 3 octobre 1941.

 

 Lieux

- Le "bigounier", évoqué si savoureusement par Guy Roudot, emmenait les chèvres dans les "jachères communales". Il s'agit sans doute des "usages" de l'Ancien Régime, situés à la sortie du bourg le long de la route de Donzy.

 

 Vers

J'entends encore au loin dans la plaine ouvrière

Chanter derrière moi la douce chevrière.

Victor Hugo

  

 Site d'association

- La Chèvre de Race Pyrénéenne : http://asso.chevre.pyr.free.fr

 

 Bibliographie

Jean-Noël Passal, L'Esprit de la Chèvre, Editions Cheminements, 2005.

 

 Contributeurs

- André Devallière (†) - Gisèle Grenut - Jean-Noël Passal - Jules Renard (†) - Guy Roudot (†) - Michèle Roudot (†).

  

Page créée le 8 janvier 2010. Dernière mise à jour le 30 décembre 2022.

 

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