Châteauneuf, 1748 : Vente d'héritages entre émigrés savoyards, avec peut-être, pour l'un des acheteurs, l'espoir caressé d'un retour au pays... qui ne se fera pas puisque l'intéressé meurt le 22 mars 1774 à Châteauneuf (58). (0)

Cote : 3 E 8 / 5 - Minutes du notaire Jean-Baptiste Bonnet (Châteauneuf-Val-de-Bargis)

Archives départementales de la Nièvre

 

1 - Ce jour d'huy vingt deux du mois

2 - de may mil sept cent quarente

3 - huit apres midy et pardevant le

4 - notaire au duché de Nivernois residant

5 - en la paroisse de Chateauneuf au val de

6 - Bargis fut present en sa personne

7 - Marie Gaurend fille majeure de deffunts

8 - Martain Gaurend et Marie Molain m[archan]de

9 - du pays de Scavoye Tarentaise dem[euran]ts

10 - cy devant à St Jean de Belleville et de

11 - de presente audit Chateauneuf ; laquelle

12 - de son gré et volonté sans force ni

13 - contrainte a reconnu et confessé avoir

14 - vendeu, ceddé, quitté, delaissé et abandonné

15 - â Jean Baptiste Gaurend (1) marchand

16 - demeurant au bourg dud[it] Chateauneuf et

17 - Joseph Gaurend aussy marchand dem[euran]t

18 - à St Jean de Belleville absent, Jean

19 - Baptiste Meunier aussy marchand dem[euran]t

20 - en lad[ite] paroisse de St Jean de Belle

19 - ville de present aud[it] Chateauneuf stipulant

20 - pour ledit Joseph Gaurent, lesdits

21 - Jean Baptiste et Joseph Gaurend aussy

22 - enfens et heritiers desd[its] deffunts Martain Gaurend

23 - et de lad[it]e Marie Molain leurs pere et mere

24 - frere de lad[it]e Marie Gaurend. C'est à scavoir

25 - tous ses biens tant meubles que

26 - immeubles à lad[it]e Marie Gaurend

27 - appartenant scituez en lad[it]e paroisse

28 - finage et justice dud[it] lieu de St Jean

29 - de Belleville dite province de Scavoye

30 - sans aucune reserve indivis et à partager

31 - en trois parties entre eux, la presente

32 - et cession ainsy faitte à la charge par

33 - lesd[its] acquereurs ses freres de payer tous

34 - les charges et impositions faittes sur

35 - lesditz biens cy dessus ceddez sans que

36 - laditte venderesse en puisse etre inquiettez

37 - ni poursuyvie en aucune maniere que

38 - ce soit et en oute pour et moyenant

39 - le prix et somme de deux cent livres

40 - payable par lesdits acquereurs à laditte

41 - venderesse dans trois ans datte des presentes

42 - sans interest et à se moyen s'est laditte

43 - venderesse demise devestüe et desaisye

44 - de la proprieté de tous les biens cy dessus

45 - dits, le tout pour tenir lieu de dote à lad[it]e

46 - Marie Gaurent, ce qui a esté stipulé et

47 - et accepté par touttes les partyes. Car

48 - ainsy & promettant & obligeant & renonçant

49 - & fait en presence et assisté de Pierre

50 - Hugon praticien et de François Picq (2) marchand

51 - demeurants aud[it] Chateauneuf themoins qui

52 - onts signez avec led[it] Jean Baptiste Gaurend

53 - et led[it] Munier, lad[it]e Marie Gaurend ayant

54 - declarez ne scavoir signer d'elle enquise et

55 - interpellé ; soit controllé et insinué (3).

 

Munier - Pic - Jean-Baptiste Gorrand - Bonnet (4)

 

56 - Con[trô]lé à Donzy le 29 may 1748

57 - R[eçu] : 36 sols et renvoyé pour le ...

58 - s'il en eu dû, au bureau de la situation

59 - des lieux. Dagot.

 

Notes et vocabulaire

(0) - Par convention et pour en faciliter la lecture, le texte original a subi diverses retouches : ajout de majuscules aux noms propres, accents, apostrophes et autres signes de ponctuation indispensables à la compréhension ; développement des abréviations ; suppression des majuscules superflues ; séparation des mots accolés... En revanche, l'orthographe n'a pas été corrigée. Les mots entre parenthèses sont incertains.

(1) - Jean Baptiste Gaurent : Savoyards de nation, les Gorrand ont quitté leur Savoie natale à la fin du printemps ou au début de l'été 1741. Les raisons de ce départ et du choix de Châteauneuf pour résidence restent à ce jour inexpliquées. A son arrivée dans la Nièvre, la famille se compose d'au moins sept personnes: Jean-Baptiste Gorrand lui-même, 31 ans, ses parents, sa femme, ses trois jeunes enfants et, peut-être bien, un frère, une soeur et un beau-frère. Le plus jeune des enfants, âgé de cinq mois, décède quelques jours plus tard, peut-être victime du périple familial. Mais plusieurs enfants vont naître à Châteauneuf. Evident signe d'intégration, parrains et marraines sont à chaque fois issus de la petite bourgeoisie locale. Fils de marchand, Jean-Baptiste Gorrand est mercier de profession (bisouart - c'est-à-dire colporteur - en 1759). Il est rapidement au nombre de ceux qui constituent, selon l'expression consacrée, la partye la plus sayne des habitans de Châteauneuf. Jean-Baptiste-Gorrand est né le 25 juin 1710 à St-Jean-de-Belleville (Savoie) et est décédé le 22 mars 1774 à Châteauneuf-Val-de-Bargis (Nièvre).

(2) - François Picq : Originaire de Beaumont-la-Ferrière, praticien, François Pic, né vers 1709, est souvent appelé à contresigner les actes du notaire Bonnet. Aubergiste-cabaretier-boulanger, il exerce son activité, en plein bourg - où son établissement se reconnaît à son "bouchon", une branche de feuillages accrochée au-dessus de l'entrée en guise d'enseigne.

(3) - insinué : Enregistré dans un registre prévu à cet effet.

(4) - Bonnet : Né à Cessy-les-Bois, descendant d'une famille d'officiers seigneuriaux, le notaire Jean-Baptiste Bonnet (1710 / 1801) est certainement, au XVIIIe siècle, le plus en vue des notables de Châteauneuf. A l'exception d'une période de dix ans, pendant laquelle il habite à Nevers, paroisse Saint-Etienne, il y réside la plus grande partie de sa vie, dans une maison située face à l'église. Il connaît une longue et belle carrière, occupant successivement ou simultanément diverses fonctions : notaire royal, juge, fermier de la châtellenie de Châteauneuf, procureur fiscal, bailli de La Celle-sur-Nièvre, conseiller du roi, commissaire aux saisies réelles du Nivernais... Son petit-fils, Louis Bonnet, sera le premier maire de Châteauneuf.

  

 Accueil

 Châteauneuf

Page créée le 21 juillet 2009. Dernière mise à jour le 27 février 2012.

© Cahiers du val de Bargis